Question: Pourriez-vous définir explicitement la position de la
France face à l'entrée de l'Angleterre dans le Marché Commun et l'évolution
politique de leur rôle?
Réponse: Voilà une question claire à laquelle je vais m'efforcer
de répondre clairement.
Quand on parle d'économie et, à plus forte raison, quand on en fait, il
faut que ce que l'on dit et ce que l'on fait soit conforme aux réalités,
parce que, sans cela, on va à des impasses et même quelquefois à la ruine.
Dans cette très grande affaire de la Communauté Economique Européenne et
aussi dans celle de l'adhésion éventuelle de la Grande-Bretagne, ce sont les
faits qu'il faut d'abord considérer. Les sentiments, si favorables qu'ils
puissent être et qu'ils soient, ne sauraient être invoqués à rencontre des
données réelles du problème. Quelles sont ces données?
Le Traité de Rome a été conclu entre six Etats continentaux. Des Etats
qui, économiquement parlant, sont, en somme, de même nature. Qu'il s'agisse
de leur production industrielle ou agricole, de leurs échanges extérieurs,
de leurs habitudes et de leurs clientèles commerciales, de leurs conditions
de vie et de travail, il y a entre eux beaucoup plus de ressemblances que de
différences. D'ailleurs, ils sont contigus, ils s'interpénétrent, ils se
prolongent les uns les autres par leurs communications. Le fait de les
grouper et de les lier entre eux de telle façon que ce qu'ils ont à
produire, à acheter, à vendre, à consommer, ils le produisent, l'achètent,
le vendent, le consomment de préférence dans leur propre ensemble, est donc
conforme aux réalités.