Il faut ajouter d'ailleurs qu'au point de vue de leur développement
économique, de leur progrès social, de leur capacité technique, ils vont en
somme du même pas et ils marchent d'une façon fort analogue. Encore, se
trouve-t-il qu'il n'existe entre eux aucune espèce de grief politique,
aucune question de frontière, aucune rivalité de domination ou de puissance.
Au contraire, ils sont solidaires à cause d'abord de la conscience qu'ils
ont de détenir ensemble une part importante des sources de notre
civilisation et aussi, quant à leur sécurité, parce qu'ils sont des
continentaux et qu'ils ont devant eux une seule et même menace d'un bout à
l'autre de leur ensemble territorial.
Enfin, ils sont solidaires par le fait qu'aucun d'eux n'est lié au dehors
par aucun accord politique ou militaire particulier.
Il a donc été possible psychologiquement et matériellement d'organiser
une Communauté économique des Six. D'ailleurs, cela n'a pas été sans peine.
Quand le Traité de Rome a été signé en 1957, c'était après de longues
discussions et une fois conclu, pour qu'on pût réaliser quelque chose il
fallait que, nous autres Français, nous nous mettions en ordre dans les
domaines économique, financier, monétaire, etc. ... et cela a été fait en
1959.
A partir de ce moment-là, la Communauté était en principe viable mais il
fallait alors appliquer le Traité. Or, ce Traité qui était assez précis,
assez complet au sujet de l'industrie ne l'était pas du tout au sujet de
l'agriculture. Et cependant, pour notre pays, il fallait que ce fût réglé.
Il est bien évident, en effet, que dans l'ensemble de notre activité
nationale, l'agriculture est un élément essentiel. Nous ne pouvons concevoir
un Marché Commun dans lequel l'agriculture française ne trouverait pas des
débouchés à la mesure de sa production et nous convenons d'ailleurs que,
parmi les Six, nous sommes le pays auquel cette nécessité s'impose de la
manière la plus impérative.