Politiquement, il ne s'agit pas d'une conception nouvelle. L'article 2 du
traité de Rome indiquait que la Communauté entendait réaliser «un
développement harmonieux des activités économiques dans l'ensemble de la
Communauté, une expansion continue et équilibrée, une stabilité accrue, un
relèvement accéléré du niveau de vie ».
Economiquement, il est superflu de démontrer qu'un grand marché sans
frontières ne pourra être pleinement achevé, ni ne pourra correctement
fonctionner, que si, au niveau communautaire., existent les instruments
permettant d'éviter les déséquilibres qui affecteraient la compétitivité et
la croissance de l'ensemble.
Entendons-nous bien. Il n'est pas question de transférer tous les
pouvoirs de la politique économique et sociale à l'échelon européen. Mais
l'expérience nous enseigne qu'il n'est pas possible d'obtenir la liberté de
circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux sans une
discipline commune des taux de change et sans une coopération accrue entre
les politiques nationales. S'il en était besoin, les récentes difficultés
rencontrées par le Système monétaire européen en fourniraient une preuve
supplémentaire.
En d'autres termes, il faut un pilote dans l'avion européen. Le grand
marché sans frontières ne peut, à lui seul, assurer valablement les trois
grandes fonctions de la politique économique : la recherche d'une plus
grande stabilité (lutte contre l'inflation et contre les déséquilibres
extérieurs), l'allocation optimale des ressources pour bénéficier de l'effet
de dimension et stimuler l'innovation et la compétitivité, la distribution
équilibrée des richesses qui est aussi fonction des mérites de chacun.