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Presentation de l Acte unique par Jacques Delors
Parlement européen, 15 février 1987.
Source :
Charles ZORGBIBE, Histoire de la construction européenne, Paris,
PUF 1993, pp. 319-325
Page 10
Une politique économique extérieure commune et ferme
La Communauté européenne est la première puissance commerciale du monde. En tant que telle, elle est à la fois courtisée et critiquée. Courtisée, parce qu'elle représente un formidable potentiel de pouvoir d'achat et qu'elle peut jouer un rôle encore plus important pour stimuler le commerce multilatéral et les échanges. Critiquée, parce qu'elle ne s'ouvrirait pas assez aux productions des pays tiers et parce qu'elle a exploité pleinement son potentiel agricole.
Rappelons d'abord avec force que la Communauté est l'ensemble le plus ouvert au commerce mondial. Même si, selon la Commission, elle doit aller plus loin en faveur des pays en voie de développement, elle doit rejeter les attaques venues d'ailleurs. Cet ailleurs où l'on pratique le protectionnisme déguisé ou explicite.
Evidemment, la position politique de la Communauté serait plus forte si elle avait la possibilité de prendre, en temps utile, les initiatives qui s'imposent pour remédier au désordre monétaire mondial, à la mauvaise allocation des ressources financières ou à la croissance très insuffisante du commerce mondial. Mais il n'y a pas lieu de désespérer. Les positions prises à l'aube de l'Uruguay Round, les actions exemplaires menées dans le cadre de l'accord de Lomé III ou de l'aide alimentaire, les propositions pour adapter les rôles du FMI et de la Banque mondiale, sont autant de jalons positifs pour une action responsable de notre Europe. Mais cela ne saurait suffire.
Comment expliquer à nos agriculteurs qu'ils doivent s'adapter à une situation mondiale caractérisée par un excédent structure] de l'offre sur la demande si les autres puissances agricoles ne font pas le même effort ?
Comment proclamer la nécessité du progrès technologique pour notre compétitivité et notre emploi si nous ne sommes pas capables de faire face aux menaces venues d'ailleurs ?
Comment poursuivre un discours en faveur des meilleures relations entre le Nord et le Sud, si nous hésitons à octroyer, pour quelques dizaines de millions d'Ecus, les concessions commerciales ou les aides aux pays les plus démunis ?
Il faut s'en convaincre : il n'y aura pas de progrès tangible dans la construction de l'Europe si celle-ci ne s'affirme pas, avec force, courage et générosité, à l'égard de l'extérieur. Or cette dimension est trop souvent négligée ou ignorée. Soyons-en convaincus, l'Europe se révélera aussi dans sa capacité de résister aux pressions actuelles et futures et de dire oui aux plus pauvres.
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Cf. Proudhon, Principe Fédératif * Le mémorandum d'Alexis Leger * The Briand Memorandum * Kalergi, European Spirit must Precede Europe's Political Unification * La Construction de l'Europe selon Jean Monnet * Plan Fouchet * L'Union Européenne selon Altiero Spinelli * Mitterrand and Kohl urge European Political Union * Il Manifesto di Ventotene