Je suis la première à dire que les pays d'Europe devraient parler d'une
seule voix sur de nombreuses grandes questions. je voudrais nous voir
coopérer plus étroitement dans les domaines où nous pouvons faire mieux
ensemble que seuls. L'Europe est alors plus forte, qu'ils s'agisse de
commerce, de défense ou de nos relations avec le reste du monde. Mais
coopérer plus étroitement n'exige pas que le pouvoir soit centralisé à
Bruxelles, ni que les décisions soient prises par une bureaucratie en place
par voie de nomination.
Au moment précis où des pays comme l'Union soviétique, qui ont essayé de
tout diriger de manière centralisatrice, prennent conscience que le succès
provient de la dispersion du pouvoir et de la décentralisation des
décisions, il est paradoxal que certains pays de la Communauté semblent
vouloir aller dans le sens opposé.
Si nous avons réussi à faire reculer chez nous les frontières de l'Etat,
ce n'est pas pour les voir réimposées au niveau européen, avec un super-Etat
européen exerçant à partir de Bruxelles une domination nouvelle. Nous
voulons assurément voir une Europe plus unie, avec une plus grande
détermination. Mais il faut que ce nouvel état de choses se fasse en
préservant les différentes traditions, les pouvoirs parlementaires et les
sentiments de fierté nationale, car tel a été, au cours des siècles, le nerf
de l'Europe.
Changement encourageant
Ma deuxième idée-force est la suivante : les politiques communautaires
doivent s'attaquer aux problèmes actuels d'une manière pratique, aussi
difficile que cela puisse être.
Si nous ne parvenons pas à réformer les politiques communes qui sont
manifestement mauvaises ou inefficaces et qui inquiètent à juste titre
l'opinion, nous n'obtiendrons pas le soutien du public pour le développement
futur de la Communauté.