Il est donc logique et normal que les sacrifices économiques à faire à la
collectivité ne puissent trouver leur justification que dans le
développement d'une situation politique autorisant la confiance entre
peuples et la pacification réelle des esprits. Et même après la réalisation
d'une telle condition de fait, assurée par l'établissement d'un régime de
constante et d'étroite association de paix entre peuples d'Europe, encore
faudrait-il l'intervention, sur le plan politique, d'un sentiment supérieur
des nécessités internationales pour imposer aux membres de la communauté
européenne, en faveur de la collectivité, la conception sincère et la
poursuite effective d'une politique douanière vraiment libérale.
B. Conception de la coopération politique européenne comme devant tendre
à cette fin essentielle : une fédération fondée sur l'idée d'union et non
d'unité, c'est-à-dire assez souple pour respecter l'indépendance et la
souveraineté nationale de chacun des Etats, tout en leur assurant à tous le
bénéfice de la solidarité collective pour le règlement des questions
politiques intéressant le sort de la communauté européenne ou celui d'un de
ses membres.
(Une telle conception pourrait impliquer, comme conséquence, le
développement général pour l'Europe du système d'arbitrage et de sécurité,
et l'extension progressive à toute la communauté européenne de la politique
de garanties internationales inaugurée à Locarno, jusqu'à intégration des
accords ou séries d'accords particuliers dans un système plus général.)
C. Conception de l'organisation économique de l'Europe comme devant
tendre à cette fin essentielle : un rapprochement des économies européennes
réalisé sous la responsabilité politique des Gouvernements solidaires.